Ne pas rentrer chez moi. Malgré l’heure qui avance, c’est la seule chose qui m’importe. Je n’ai pas l’intention de voir cette petite peste avant qu’elle ne soit couchée. Quelque part, il y a cette petite voix qui me dit qu’elle m’attendra jusqu’à ce que je sois rentrée, comme tous les jours, mais je m’en fiche. Le verre de Whisky claque sur la table alors que je le laisse retomber, vide, le liquide ambré encore dans ma bouche. Fichue quête. Dire que c’était mon idée. Fort heureusement pour moi, Nikita n’est pas dans les parages, parce qu’avec cette épée humaine qui me prend pour sa mère, autant dire que j’aurais des trucs à lui dire. Pourquoi moi, hein ? Elle lui appartient à lui, et elle vit avec moi. Assise dans un coin du pub, je me concentre sur mon livre. Certes, boire de l’alcool n’est pas le plus indiqué quand on veut apprendre de nouveaux sortilèges, mais après cette semaine enfermée chez moi, à ne pas dire un mot, je dois avouer qu’un verre ne m’a pas fait de mal. Il est temps de passer à des boissons un peu moins fortes, cependant, sans quoi les lettres vont se mettre à danser devant mon regard. Un sourire narquois monte à mes lèvres à cette pensée, et je relève les yeux pour héler la serveuse et lui demander de m’apporter un jus de pomme et de me servir à dîner. Elle repart immédiatement, et je me replonge dans mon livre. Cet essai sur la magie sidhe est intéressant, mais c’est surtout la partie où on conseille des sortilèges de combat qui m’intéresse. Cependant, j’ai décidé de le lire de la première à la dernière page, et je dois contenir mon envie d’aller au bout pour avoir la partie qui m’a fait l’acheter.

Combien de temps est ce que je reste comme ça, les deux coudes sur la table, à enchainer les lignes sans m’arrêter ? Aucune idée. Devant moi, la salle se remplit et s’anime. La serveuse ne sait plus où donner de la tête, et elle doit m’avoir oubliée car mon assiette n’arrive pas. Ce n’est pas grave, je n’ai pas tellement faim. Je ne mange plus beaucoup. C’est peut-être pour ça que l’alcool me monte si vite au cerveau, d’ailleurs. Et puis, un bruit de chaise devant moi. Je n’y fais pas attention jusqu’à ce que la personne se racle la gorge. Je baisse mon livre, surprise, et observe celui qui vient de s’installer en face de moi. Hey mais… C’est pas open bar à ma table là !

Après avoir regardé Clara quelques secondes, l’air un peu hagard, je tourne la tête pour regarder autour de moi. C’est vrai que l’endroit est bondé. Totalement bondé. Pour le coup, je suis relativement mal à l’aise parce que je n’ai pas réellement envie de passer du temps avec qui que ce soit. Je referme mon livre dans un claquement sonore et hausse les épaules à la question de Clara. Non, je n’ai pas mangé. Pas que je ne le veuille pas. Mais, comme la serveuse m’a oubliée, je n’ai pas réellement envie de faire un scandale. J’ai juste envie de rester ici et d’oublier la gamine qui squatte mon lit et découvre la télévision comme si c’était la septième merveille du monde. Quelle horreur. Cette enfant n’est pas une enfant ordinaire, et pour être franche je ne sais pas ce que je vais faire d’elle. Parce qu’elle me désespère tout autant qu’elle m’attendrit. Un instant elle est une enfant de dix ans normale, la minute d’après elle lévite et ravage mon appartement. Et, dans ces instants-là, j’ai juste envie de l’assassiner. Le pire ? Quand elle me demande pourquoi Nikita ne viendrait pas habiter avec nous pour qu’elle puisse passer du temps avec « Cal », son épée adorée. Laissez-moi me pendre s’il vous plait. Je n’avais déjà pas assez à faire avec mes soucis de Valkyries. Non, je n’ai pas encore mangé. J’ai commandé, mais je crois que la serveuse m’a oubliée. Pas vraiment du genre à inviter les gens à s’installer en face de moi, et encore moins à rester. Je n’ai pas répondu à ses excuses, et je ne le ferais pas. Après tout, voilà quelques siècles que l’on se croise toutes les deux et qu’elle sait donc parfaitement quelle créature froide et sans cœur je peux être. Je lui rappellerai mon existence quand elle prendra ta commande.

Je grogne fort, mais je ne suis pas non plus du genre à tenter de mordre si on ne me provoque pas. Clara n’est pas du genre à me provoquer, donc elle peut rester. Si ça avait été Nikita, pour le coup je crois bien que je lui aurais cassé une chaise sur la tête. Pour l’heure, je ne suis pas tout à fait sûre de savoir réagir face à lui. Il est tout simplement impossible pour moi de me remettre de ce fichu sale coup. Vraiment pas. Je l’ai emmené pour trouver une épée, je me retrouve à gérer une gamine qui me mène par le bout du nez, littéralement. Impossible à vivre, et moi j’ai besoin de vacances, au sens propre du terme. Loin d’elle et de ses petits commentaires bien piquants.

Enfin, passons.

Clara fait un signe à la serveuse qui s’approche et je lui rappelle d’un ton sec que j’ai commandé à manger. Elle renote le tout sur son carnet et s’éloigne en ondulant entre les tables. Pfff. C’est ça, roule des fesses. Comme si ça signifiait un pourboire de ma part… Je n’en donne jamais. Enfin, pas ici en tout cas, j’y viens pour me changer les idées pas pour dépenser mon fric ouvertement.

Alors je repose le livre sur la table, bien décidée à attendre que mon repas arrive, réellement énervée par la faim. Mais si, vous savez, cette sensation lorsque votre estomac est vide et que vous en devenez grognon. Vraiment grognon. Et bien, j’en suis là. Vraiment là. J’ai faim et je serais prête à aller me le faire moi-même dans la cuisine s’il le faut. Mais, la question de Clara me fait froncer les sourcils. Intéressant. Je soupire et hausse les épaules. Il y a bien des magies qu’on ne connait pas encore, tu sais. La serveuse me dépose mon verre de whisky, que j’avale d’un trait avant de reprendre : Certaines formes de magie ont été oubliées et nous avons perdu une grande partie de notre patrimoine, à cause de ce besoin que nous avons de nous cacher. C’est dommage. Je ne parle ni d’excalibur, ni même de la gamine. Je n’ai aucune idée du nom qu’on va bien pouvoir lui trouver à celle là, d’ailleurs. Cependant, pour le coup… Pour le coup c’est une sacré forme de magie celle là ! Alors, oui, je m’occupe de tout ça et je fais en sorte d’en apprendre le plus possible. C’est une occupation comme une autre, et pour le coup ça me change des contrats.

Cette demoiselle en face de moi est étrange, et je me contente de me mordiller la lèvre inférieure alors qu’elle m’approuve dans mon « choix ». Si elle savait que derrière ça il y a surtout une volonté de faire entendre raison à une gamine haute comme trois pommes et qui me mène la vie dure… Quelque part j’espère pouvoir trouver la magie qui me permettra d’avoir la paix la plus totale et la plus absolue. Mais, pour ça il faudrait déjà que j’arrive à comprendre d’où vient cette gamine et de quelle magie elle et faite. D’où les vieux traités et les recherches. Même si, à l’origine, ça me passionne tout de même. Oui, en apprendre d’avantage…Un rictus monte à mes lèvres. Quelle ironie ! Si elle savait vraiment. C’est une idée comme une autre… Ca occupe, au moins. Et me tiens loin de cette affreuse gamine imbuvable. Saleté de fourreau. Il faudrait lui trouver un nom à celle là. Enfin, on verra. Je lève les yeux au ciel quand elle me demande ce que j’ai découvert jusqu’à présent.Rien qui ne m’intéresse. Je recherche un type assez particulier de magie. Du genre qui anime une épée et transforme une gamine en fourreau. Faut être vachement tordu et pervers pour faire ça, sérieux. Un rire monte à ma poitrine. Clara pourrait peut être m’aider, mais pour l’heure je n’ai pas réellement envie de m’épancher sur le sujet. Parce que Nikita possède l’épée, et moi je subis la gamine. Tant qu’on ne se sera pas mis d’accord, il vaut mieux ne pas en parler.

Une fois les assiettes sur la table, je commence à manger pendant que Clara babille avec la serveuse. Décidément, c’est une bavarde celle là ! Je coupe ma viande et plonge la main dans mon sac pour sortir quelques billets que je pose sur la table. Comme ça c’est fait. En fait, c’est surtout ennuyeux. Compulser de vieux livres, trouver des références paumées, traverser la moitié du monde, vendre son âme à Mirisa pour une info… Et de temps à autre avoir un coup de « oooooh super j’ai trouvé un truc » Je me mordille la lèvre inférieure une nouvelle fois et retourne à mon ragout.

Si Clara s’amuse à manger son plat d’un seul coup, moi je préfère profiter de mes spaghettis avec un peu plus de lenteur. D’une part, parce que j’adore ça, et d’autre part parce que je suis à peu près certaine de tâcher de rouge mon haut grâce à la sauce tomate dans laquelle baignent les pâtes. Mes yeux dorés contemplent la demoiselle en face de moi et je pousse un soupir léger et discret. Parfois, Clara n’est vraiment pas un cadeau, vous savez… Même dans cette pièce mal éclairée, le manque de lumière ne me permet pas d’éviter la dégustation de la demoiselle. Elle n’a donc pas mangé depuis un mois ou deux ? Peut-être bien. Ou alors, elle s’est attrapé une bactérie mutante qui l’oblige à se goinfrer ? Qui sait… Dans ce monde, tout est possible.

Alors que je mange avec ma lenteur habituelle, je réfléchis au dessert. J’ai entendu dire que la petite boutique à côté faisait des brochettes de fraises au chocolat blanc. Certains m’ont raconté aussi que leur crème chantilly ressemblait à de la neige fraichement tombée. Je n’ai que peu d’amis, mais pour l’heure je dois avouer que leurs conseils sont intéressants, et ils me sortent des catacombes ou de ma maison où j’ai envie de me pendre. Littéralement. La dernière lubie du fourreau ? S’amuser à faire une nouvelle décoration à mon salon. J’ai l’impression de vivre au 13° siècle à nouveau, vu toutes les bougies qu’il s’y trouve. Elle a même trouvé le moyen d’arracher le téléphone mural et de cacher ma console de jeu. Quand je vous dit que j’ai envie de la pendre… Ou de l’étriper…

Et puis, je n’ai pas réellement besoin de ce genre de souci : certaines des Valkiries qui sont arrivées à Paris pour éviter la folie furieuse de leur nouvelle matriarche n’apprécient pas mon manque d’enthousiasme à les commander. J’ai quelques rivales qui semblent bien parties pour essayer de me couper la tête. Ma vie est un véritable fouillis sans fin…

Nous en parlerons peut être un jour alors. J’essaie d’occulter la conversation. Trop d’oreilles indiscrètes dans ce bar pourraient être là pour me donner l’impression que le fourreau va avoir du mal à survivre. Si on la kidnappe, j’ignore si elle pourra survivre. Déjà qu’elle me semble tellement fragile qu’elle pourrait se casser en deux au moindre coup de vent… Il n’y en a pas qu’une…. Des Valkiries de tout âge ont débarqué et me prennent pour leur mère spirituelle. Encore une fois, j’élude la question. Je n’ai pas envie qu’on parle de cette gamine là. Je me passe la main dans les cheveux en me demandant pour la millième fois au moins ce que j’ai pu faire pour en arriver là. Moi, maman d’un fourreau à l’apparence d’une enfant… N’importe quoi. Tu n’es pas au courant ?

Un sourire narquois monte sur mes lèvres devant la réaction de Clara. Je hausse les épaules face à ce qu’elle me dit. Au fond, elle ne connait que les rumeurs. Notre clan, même avec les évènements récents, reste très secret. Il n’y a pas grand-chose à dire dessus, en réalité. Je me vois mal dire aux gens « coucou c’est un clan de tueuses en séries magiques qui n’attend qu’un contrat pour recommencer ses bêtises quoi que j’en dise ». J’ai beau être leur dirigeante, je vois bien qu’à un moment ou à un autre, l’argent va manquer. Je ne peux pas m’occuper d’un clan entier avec la seule fortune que j’ai amassée au fil des siècles… Pour l’heure, les miennes servent de gardes du corps à des light-fey paranoïaques. Les cours n’existent plus, mais ce n’est pas une raison pour que nous soyons en sécurité. Une cinquantaine, au total. Je termine mon assiette avec plus de lenteur que Clara : et certes plus de classe aussi. Elles me demandent d’être leur guide. La tradition est que la matriarche du clan, la plus vieille et soit disant la plus sage, doit les guider et tout le tralala. Il s’avère que c’est moi. Et les voilà dans ma vie. Ce n’est clairement pas une partie de plaisir pour moi, je dois l’avouer. J’aurais bien aimé qu’elles choisissent quelqu’un d’autre. Mais, on ne peut pas tout avoir dans la vie… A un moment ou à un autre, il faut assumer les épreuves qu’on nous met devant. Comme Lenaïs par exemple. Celle la… Elle m’exaspère. Vraiment. Fichue gamine-fourreau.

Un dessert ? Clara me tire justement de mes pensées sombres et je hoche lentement la tête. Pourquoi pas. Leur mousse au chocolat est un régal. Les parts de fondant au chocolat aussi. Surtout avec un peu de glace. Enfin, vu le monde, si elle veut se débrouiller pour attraper une serveuse, qu’elle y aille. Et, je lui souhaite bien du courage ! Je ne relève pas la proposition de la pythie de m’aider. Je dois avouer ne pas avoir beaucoup d’amis, et ne pas savoir accepter leur aide quand j’en ai besoin. Une vie à vivre par moi-même et à me débrouiller seule, cela ne fait pas vraiment bon ménage avec des amis. Une trop grande fierté non plus, d’ailleurs. Je prendrais la mousse au chocolat personnellement. J’adore ça. Comme tout le monde, non ?

Une sacré charge… Oui, réellement. Pour être franche, je ne suis pas réellement sûre d’être faite pour ce boulot. En fait, non : je suis totalement sûre de ne pas être faite pour ce boulot. Je n’ai pas l’intention de rester là très longtemps. Dès que je pourrais prendre la tangente je le ferais. Après tout, si on demande à Nikita, c’est pourtant la meilleure chose que je sais faire. M’enfuir en courant comme une lâche. Je n’ai jamais eu les épaules pour encaisser les conséquences de mes actes. Merci…

Clara me parle ensuite de dessert et je lui explique la carte. J’ai l’habitude de manger ici, après tout. Pas que je sois une cuisinière médiocre, loin de là. Je suis un vrai cordon bleu. Mais, en célibataire et avec une Lenaïs qui n’a pas besoin de manger, autant dire que je n’en ai pas vraiment l’occasion. Ni l’envie.

Je suis Clara des yeux et la voit s’occuper de commander le dessert à une serveuse. Je soupire un coup et hausse les épaules. Pas question de commencer à m’inquiéter pour elle. Je range mon livre dans mon sac, avec mon calepin de notes et sors mon téléphone pour lire mes messages. J’en ai vingt-sept de Lenaïs. Je savais que je n’aurais pas du lui offrir un téléphone pour garder contact avec elle. Je soupire et réponds brièvement que, non la télévision ne se mange pas même quand il y a des objets avec de la nourriture dedans et qu’elle peut se servir dans le frigo si elle veut réellement essayer de manger quelque chose, puis je laisse mon regard dans le vide, attendant Clara.

Lorsqu’elle revient, c’est une exclamation étouffée qui me fait relever la tête. N’importe quoi. Cet homme me lance un regard lubrique en passant devant la table et je fronce les sourcils. Je sors une pièce de ma poche et me mets à jouer avec, la faisant tourner sur mes doigts. Ça m’aide à me concentrer. Une seconde plus tard, l’homme n’arrive plus à lever ses pieds du sol, et je le balaye avec une onde sonore. Pour ce faire, j’ai attrapé l’onde musicale et l’ai durcie pour balayer ses jambes. Il tombe sur le sol, le nez en avant et s’écrase le nez sur le sol. Je relâche la pression de la gravité et je le laisse se relever, le visage plein de sang. J’ai jamais aimé ce genre de mec. Vivement le dessert. J’ai faim moi.

Un rictus déforme mon visage durant une seconde et je laisse échapper un petit soupir discret. Manipulation de la gravité. Quelques mots et un haussement de sourcil suffisent pour que je sois contente de moi. Ce mec tente de chopper toutes les filles qui passent, et même les mecs quand il est bourré. Dégoutant. Absolument immonde. Mais, les desserts arrivent et la discussion change. Pour être franche, je n’aime pas parler de moi. Je déteste dire la moindre petite chose à mon propos et encore plus quand je dois parler de mes sentiments.

Evidemment, penser à mes sentiments me fait penser à Nikita, et je fais une grimace avant de prendre la première cuiller de mon dessert. Hors de question de me gâcher la soirée. J’ai plus de quatre cent ans, moi non plus je ne mangeais pas la même chose étant enfant… La bouillie dont on me nourrissait il y a quelques siècles était immonde. Et, d’après ce que j’ai compris, elle est toujours au menu aujourd’hui. Les gamines Valkyries qui sont venue vivre avec moi ont proprement halluciné en voyant du chocolat chaud… N’importe quoi vraiment. Cette matriarche était folle. Est folle. Et, je ne crois pas que je mangerais ce que je mangeais enfant aujourd’hui. Les aliments sont meilleurs de nos jours, pour la plupart… Et, on a appris à mieux les cuisiner.

L’écureuil grillé … C’est délicieux oui. Mais, je n’aimais pas trop les grenouilles par contre. Celles que j’ai mangé en Amérique du Sud étaient vraiment immondes. Et légèrement empoisonnées, aussi. Mais, une fois qu’on a retiré la peau et les glandes venimeuses… ça passe. Quand on a rien d’autre sous la main. Il y a souvent des visions qui ne se concrétisent pas, tu sais, chez les médiums. Tu ne vois pas « le » futur mais une possibilité du futur. J’avais souvent recours à des médiums dans le passé pour assurer la réussite ou non d’une mission. Un sourire carnassier monte à mes lèvres. Elle voyaient diverses possibilités qui changent en fonction des décisions qu’on prend. Etre au courant du futur est déjà un moyen de l’empêcher d’arriver lorsqu’il est négatif.

Alors que la demoiselle me dit qu’il est l’heure du café ou du thé, je soupire tristement. Je resterais bien mais… Je dois m’occuper de Lenaïs. Elle ne peut pas rester seule trop longtemps. Et, je dois descendre aussi dans les catacombes pour vérifier que Svéa et les autres vont bien. Ma soirée est loin d’être terminée.