Je fais face à l’interface, passablement énervée. Slave, l’Intelligence artificielle installée par Isabella il y a quelques semaines pour servir de moteur de recherche géant à la bibliothèque me mène en bateau. Ce n’est pas possible autrement. C’est le septième aller-retour que je me tape pour tenter d’avoir le bouquin qu’il me faut pour ma recherche, et je n’ai toujours rien. Je pianote sur l’écran, un peu énervée. La voix robotisée m’interrompt. Si ce n’était pas un droide, pour le coup je serais pratiquement certaine qu’il y a une pointe d’amusement dans ce son. Que puis-je pour vous, mademoiselle Mina ? Je lâche un grognement équivoque, sans pourtant aller jusqu’à exprimer le fond de ma pensée : Slave n’est qu’une sale bête arriviste créée pour nous mettre des bâtons dans les roues. Je suis sûre que Belle est en train de se marrer tout ce qu’elle peut en nous voyant galérer depuis les caméras. Je n’ai pas compris votre requête, mademoiselle Mina. Je lève les yeux au ciel et continue à tapoter sur l’écran.

Raaaah, saleté. Slave a fait disparaitre tous les paramètres de ma recherche d’un seul coup. Je soupire et me retiens d’envoyer un coup dans l’écran. Je crains de ne pas avoir compris votre requête, mademoiselle Mina. J’ai envie de hurler. Je veux le livre sur l’histoire des arts martiaux que je te demande depuis une demi heure ! Ma voix est un peu trop forte, et j’entends un « chut » sonore sur le côté. La bibliothèque est un endroit silencieux, sauf quand Slave s’amuse à nous rendre fous. Quatrième étage, troisième rangée sur la droite, seconde étagère. Avec un soupir lassé, je m’éloigne de la console et lève les yeux vers le ciel. Allez, encore une fois, les quatre étages à monter.

Alors que je m’éloigne de la machine maudite, j’entends une voix sèche dans mon dos qui me fait faire un bond. Je me retourne vers la bibliothécaire et l’observe de haut en bas. Non mais elle me prend pour qui celle-là ? J’ai déjà demandé à une de vos collègues, et elle m’a dit qu’elle n’avait aucune idée de là où il était rangé. Ma voix est un peu plus sèche que je le devrais. Je sais que je vais finir par me faire remonter les bretelles, mais bon. Elle m’a même dit que je n’avais qu’à faire comme tout le monde et utiliser cette saleté. Pour le coup je ne suis pas vraiment convaincue. Belle est la seule à pouvoir utiliser son IA de manière satisfaisante. Tous les autres se font mener en bateau. De temps en temps, il est facile d’avoir son livre parce que l’intelligence artificielle est de bonne humeur. Mais la plupart du temps, non. Pourtant, ça aurait pu être vraiment pratique, vu qu’il y a quatre étages de livres à se remémorer.

Je croise les bras et observe la femme devant moi. Donc, à moins que vous ne puissiez débrancher ce sale truc, j’ai quatre étages à monter là. Je n’ai pas l’intention de me laisser marcher sur les pieds par cette femme qui ne fait qu’aller et venir dans la bibliothèque un peu quand bon lui semble. C’est vrai quoi, on ne l’a pas vue depuis quoi ? Trois mois ? Quatre ? Et elle se comporte comme si elle était chez elle. N’importe quoi !

Elle m’a dit de monter au quatrième, répondit Mina avec un air désespéré. Et juste avant de monter au 3°. Avant ça j’ai du aller dans la réserve. Et encore avant elle m’a fait monter deux fois au premier pour rien, et une fois au 3° Il pouvait y avoir quelqu’un qui s’amusait avec le bouquin, mais alors là ça serait pour le moins pas drôle. Et, Mina serait du genre à étrangler cette personne si c’était fait de manière volontaire. Vraiment l’étrangler.

La bibliothécaire lui demanda alors le nom du bouquin, et Mina sortit le papier sur lequel il était écrit ce qu’elle devait lire pour le cour suivant. L’histoire des Arts Martiaux au travers des âges. C’était le titre exact. Elle fit une grimace. Je pensais qu’il serait rangé au second. Là où se trouvent les livres sur le sport et leur apprentissage théorique, mais il n’y était pas. Du coup j’ai demandé à votre collègue. Celle qui ressemble à une chouette… Mina s’interrompit. Heu… Sans vouloir lui manquer de respect. Non, c’était pas son genre. Si Mina s’énervait vite, elle redescendait aussitôt. Du coup, comme elle m’a envoyée sur la machine ben… Je suis allée voir la machine.

Mina expliqua donc à Liadan tout ce qu’il s’était passé pour finalement se retrouver toute penaude. Rez de chaussée. Elle s’était tapé un nombre incalculable d’aller retour dans les escaliers pour… Rien. Elle fit une moue et secoua la tête de droite à gauche. Merci. Elle s’éloigna de Liadan tout en jetant un regard noir à la machine. Un jour, je vais te débrancher, grogna-t-elle en passant devant.

Elle se rendit à la section indiquée et récupéra son livre en quelques minutes. Elle rejoignit ensuite une table vide et sortit ses affaires de son sac pour travailler. Elle récupéra les informations dont elle avait besoin et commença sa rédaction.

Sujet terminé