Certains jours, je me demande clairement pourquoi est ce que je me lève. Spécialement lorsqu’après avoir été harcelée par Alyona, je finis par accepter qu’elle vienne s’entrainer à l’arc avec moi. Quelque part, j’avais espéré que ce pourrait être mon jardin secret. L’activité que je ferais et dans laquelle je serais douée, et pas elle. Pas que je sois jalouse d’elle, loin de là, je suis même heureuse de la voir reprendre pied petit à petit après tout ce qu’elle a vécu mais… J’ai besoin d’être seule, parfois… Bon, d’accord : souvent. C’est quelque chose que ma cousine-sœur n’a jamais compris. Elle n’a jamais réalisé que j’étais une solitaire et que je préférais largement rester sous un arbre avec un livre ou me planter toute seule avec mon arc qu’avoir des personnes qui m’observent, me scrutent et augmentent ma phobie sociale naissance.

Finalement, j’ai accepté que Lily vienne avec moi. A une seule condition : elle laisse ses « amis » en dehors de ça. Ce sera juste elle et moi. Si j’avais pensé que mon nouvel arc prendrait vie pour nous poursuivre et que mes flèches se mettraient à jouer à cache cache, j’avoue que j’aurais proposé du shopping. Oui, moi, du shopping. Non vous ne rêvez pas.

Me prendre des coups sur la tête ce n’est après tout pas mon truc.

Finalement, dans ma course après une flèche, je l’attrape en sautant et me retrouve à deux mètres du sol, tenue par la flèche qui finit par me faire tomber juste aux pieds d’une nouvelle venue. Je lâche la dite flèche au passage qui retourne jouer avec les autres, et relève la tête vers la nouvelle venue, un sourire crispé sur les lèvres.

- Pitié, ne vous moquez pas…

Je grogne en m’aplatissant sur le sol pour éviter de me retrouver avec une flèche dans le crâne. Non mais c’est pas normal. Que le lutin ou le farfadet qui s’est amusé avec tout ça sorte de son trou et vienne nous affronter directement. Parce que pour le coup, ce n’est pas vraiment drôle. Pas du tout même. Mon regard boudeur se pose sur la flèche qui me nargue et je tends la main pour attraper mon arc, qui lui me reste fidèle. C’est comme si elles se rebellaient… J’observe Tinkerbell alors que ma sœur nous rejoint et parle tout ce qu’elle peut pour expliquer la situation. Parfait, parce que moi j’y comprends rien du tout. Moi je voulais juste m’entrainer… Mon grognement passe inaperçut et je tourne le dos aux deux demoiselles qui m’accompagnent pour observer la pièce. On se croirait vraiment dans un autre monde. Je soupire et lève les yeux au ciel. N’importe quoi. C’est réellement n’importe quoi. Dire que je pourrais être en train d’évacuer ma frustration sur une cible. Il ne manquerait plus qu’elle s’amuse à nous taper dessus, elles aussi.

Je retiens cette pensée alors qu’elle semble vouloir prendre son envol et se changer en mots. Non, il vaut mieux ne rien dire parce qu’après, je vais me retrouver réellement dans la … si jamais ça se produit. Je ferais mieux de garder mes idées pour moi. Après tout, si ça se trouve, un étudiant a foiré un sort et a donné vie aux armes. Ça arrive. Parfois. Aie. Une flèche se plante dans ma fesse droite – sans pourtant percer la peau – et je fais un bond en l’air. Je l’attrape avant qu’elle ne trouve le moyen de s’éloigner et je la lève devant mes yeux. Vilaine flèche. Vilaine. Immédiatement, trois autres foncent sur moi et viennent au secours de la première. Je plante là Tinky et Alyona et me mets à courir droit devant moi pour tenter de les distancer, sans pourtant lâcher ma prisonnière : LAISSEZ MOI TRANQUIIIIIILLLLLE !!!

Je finis par me jeter sur le sol et les flèches vont se planter dans un… Mannequin. Un genre d’épouvantail. Merci mon dieu. C’est tout de même mieux comme ça. Mon regard se pose sur les épouvantails, et je me redresse pour aller rejoindre ma sœur, qui dit avoir trouvé quelque chose. Mon regard reste cependant mobile : je n’ai pas envie de me refaire piquer les fesses. Certainement pas ! après, je vais avoir des croutes et je ne pourrais plus mettre mon maillot de bain pour profiter de la chaleur de cette fin d’été pour m’allonger au bord du lac et bronzer. Ha, ça… J’adore le soleil. Et, les maillots de bains, c’est la seule chose que je porte dans d’autres couleurs que du noir. Ce serait dommage de me voir déjà recommencer à porter du noir. Uniquement du noir.

Un sourire monte sur mes lèvres et je pose ma main à côté de celle d’Alyona. Mais, moi je ne ressens rien, mais alors rien du tout. Mon regard se tourne vers Tinkerbell et je hausse les épaules : Vous voyez quelque chose vous ? Je n’en suis pas sûre. Mais, je crois ma sœur alors… Est-ce qu’il y a un sortilège pour nous permettre de voir ce qu’elle voit ?