Lyria logeait, comme tous les loups, dans un petit village qui s’était construit en quelques jours après que le traité ait été signé par le chef de meute et par les dirigeants de l’Institut. La jeune femme y avait sa petite maisonnette. De plein pied, avec une cuisine, un salon et deux chambres, l’endroit était cosy. Elle avait décoré sa chambre avec soin : un lit immense, capable de la recevoir aussi bien sous sa forme humaine que sous sa forme animale, une partie dressing, une commode … Elle n‘avait pas mis de rideaux à la grande fenêtre qui inondait la pièce de lumière dès le matin. C’était une de ces fenêtres qui ressemblait à une véranda, avec trois côtés légèrement en triangle. Elle y avait mis plein de coussins et elle adorait lire là, blottie dessus.

C’est d’ailleurs comme ça qu’elle s’était endormie. Roulée en boule sur les coussins, son livre sous sa tête.

Mais, ce ne fut pas là qu’elle s’éveilla. Vraiment pas. Elle s’éveilla dans un lit étroit aux couvertures tirées, comme si quelqu’un l’avait bordée dedans. Un instant elle pensa à Galaad et son nez chercha son odeur. La louve ouvrit alors les yeux et se débattit avec la couverture. Mais quel était cet endroit ? Elle tourna la tête vers la jeune femme qui était avec elle, peinant un instant à mettre un nom sur son visage. Son nom actuel, du moins. Elle l’avait connue autrefois, il y a si longtemps qu’elle ne s’en rappelait plus réellement. La mémoire des êtres quasi immortels – ou du moins avec une vie aussi longue que celle des loups-garous – pouvait parfois les trahir, car les évènements s’y mélangeaient comme une soupe épaisse. Clara. Elle avait finit par retrouver le nom. Elle hocha la tête pour la saluer puis elle haussa les épaules. Je n’ai aucune idée de ce que nous faisons là. Cet endroit pue la magie. Les narines de la louve se dilatèrent et elle fronça les sourcils. Que faisait-elle là ? Oh, elle espérait que Galaad n’allait pas péter un plomb pendant qu’elle était paumée ici. Nous devons retourner à l’Institut.

Elle se leva pour suivre Clara dehors et elle fronça les sourcils. L’endroit était étrange. Mais, le plus étrange c’est que, mis à part son odorat toujours plus élevé que la normale, Lyria ne sentait plus sa louve. Comme si celle-ci lui avait été retirée. En réalisant cela, elle tomba à genoux et posa sa main sur le mur le plus proche, frappée par une foudre intérieure. Elle avait bien peur de mourir là, maintenant, du haut de ses deux mille ans. Mais non. Elle resta en vie. Et observa, bouche bée, Clara essayer de sortir des ruines pour y être renvoyée. Nous devrions visiter les autres… maisons.

Oui, ça ira, répondit Lyria. Elle se releva et elle observa la pythie en face d’elle. Elle ne pouvait pas le lui dire. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle ne sentait plus sa louve, que celle-ci était… partie. Disparue. Invisible. Il y avait un vide dans son âme, et elle mit un instant à l’accepter. Deux mille ans à vivre lui avaient appris à faire avec, à s’adapter immédiatement pour ne pas sombrer. Elle ferma un instant les yeux et elle sourit, son visage redevenu aussi ouvert et détendu que si elle n’avait rien réalisé. Elle était une oméga, après tout.

Clara fut d’accord avec elle, et les deux demoiselles se mirent à chercher dans les ruines un endroit, un livre, quelque chose qui pourrait être un indice sur ce qu’elles faisaient là. Lyria suivit Clara dans la première maison, celles où elles avaient vraisemblablement dormis. L’une des pièces avait l’air d’être une cuisine. Une table, des chaises – cassées – un évier remplit de végétation… Lyria s’avança vers le paquet. Elle ne sentait aucun danger, mais elle ne pouvait être sûre de rien, sa louve étant endormie, disparue ou elle ne savait trop quoi. Elle jeta un regard à Clara et elle tendit la main vers le paquet. Dedans, deux médaillons. Sur l’un était gravé un « L », sur l’autre un « C ». Elle tendit le pendentif d’or à Clara et enfila le sien, non sans l’avoir porté à son nez pour vérifier l’odeur auparavant.

Une fois le pendentif à son cou, elle entendit une voix lui parler. Vu la tête que faisait Clara, elle devait entendre la même chose.

Vous avez été Choisies pour ouvrir à nouveau la porte des Ruines de Troies. Vous avez été Choisies pour trouver l’Artefact, et rendre aux Âmes Oubliées le repos éternel qu’elles méritent

Lyria secoua la tête pour chasser les derniers mots de son esprit avant de tourner son regard vers Clara. Tu as entendu ?