Je me recule d'un pas en voyant Belle réagir au quart de tour à mon effet de surprise. Je n'ai pas vraiment peur d'elle, mais je sais que si elle devait me faire mal par accident, elle ne se le pardonnerait jamais. Un sourire gêné sur les lèvres, je la laisse reprendre le contrôle de son corps à moitié métamorphosé. Ces modifications physiques me surprennent toujours un peu, probablement parce que je ne comprend pas complètement comment ça fonctionne. Et puis... Je n'aime pas trop le fait de voir ma petite-amie avec un visage déformé de celui que je connais pourtant par coeur. Finalement elle reprend son calme et je referme mes bras autour d'elle. « Excuse moi, c'était stupide de ma part. » Je dis en frottant doucement son dos avec le plat de ma main.

Un petit sourire s'étire sur ma bouche lorsque je l'entend me supplier de l'emmener ailleurs, dehors, loin de toute cette agitation où elle a sûrement été traînée de force. Je hoche la tête. « D'accord, viens. » Je lui dit en passant mon bras dans le creux de ses reins. Je pousse un peu les gens avec mon bras libre et emmène Belle vers la porte de la salle lentement, prenant garde de lui créer assez d'espace pour limiter les dégâts. Je sais mieux que personne ce qui arrive lorsqu'elle se sent oppressée et je n'ai pas du tout envie d'en être témoin à nouveau.

Nous passons finalement la porte et je la referme derrière nous. Dans le couloir, tout est calme, la musique ne parvient même plus jusqu'à nous. Doucement, j'adosse Belle au mur et remet ses cheveux en place tendrement. « Ça va ma chérie ? » Je lui demande en essayant de croiser son regard par en dessous. Cela ne me gêne pas de rater la grande fête, de toute façon j'aurai d'autres occasions de voir mes amis. Pour le moment je ne veux pas laisser Belle toute seule. Pas dans cet état. De toute façon, il me semble avoir vu mon meilleur ami très occupé. Je n'irai pas le déranger. Ce serait pas cool.

Un rire monte à ma poitrine alors que Evan m’annonce qu’il serait venu en jean s’il l’avait pu. Quel idiot. C’est tout à fait son genre en plus. Enfin, en ce qui me concerne, il m’aurait plu même en jean. Pour le coup, je ne suis pas tout à fait certaine de ce qu’il se passe entre nous, mais j’aime la tournure que prend notre histoire. Mon regard se fait un peu plus sévère alors qu’il me dit que je pourrais déchirer à la fin de la soirée. Ha, cet homme et ses allusions pas très fines à la façon dont il a envie de me mettre dans son lit… Qui te dit que je vais attendre la fin de la soirée ?

Je laisse mes mains remonter le long de son torse pour se placer sur ses épaules, jouant sur les muscles bien dessinés d’Evan. Mes mains se nouent autour de son cou et je le laisse me guider en dansant, du moins pendant les dix premières secondes, jusqu’à ce qu’il me dise où mettre mes mains. Ce n’est pas là que je dois les placer, elles sont parfaitement bien autour du cou d’Evan. Et puis, il recommence à parler de ses histoires de fesses. Je hausse un sourcil et je tourne la tête de droite à gauche. T’es irrécupérable. Je soupire et je lève les yeux au ciel. Tu sais, si tu veux vraiment que je sois à toi pendant toute une nuit, il te suffit de me faire boire un peu. J’ai cette fâcheuse tendance à déshabiller les gens quand j’ai bu quelques verres… Mais je reste parfaitement consciente de mes actes…

Flirter. C’st innocent n’est-ce pas ? Cela ne va pas faire de moi une personne qui n’est plus aussi bien. Oh, en près de mille ans d’existence, je n’en ai pas connu beaucoup des hommes. Un seul, pour être précise. Un seul et unique. Et, il m’a fait un gosse. Un gosse que je ne rencontrerai jamais car il a été pris par les éclairs. Je ne me rappelle même plus son visage. Je ne me rappelle même plus ce à quoi il ressemble. Depuis, même s’il faut avouer que dès que je bois de l’alcool, toutes mes inhibitions se lèvent, je n’ai jamais réellement partagé d’intimité avec un homme. Alors… Alors … J’ai le droit de flirter. Et puis, Evan… Evan me tend des perches que je ne peux pas m’empêcher de prendre. Il me dit des choses qui me donnent réellement envie de m’amuser avec lui, d’aller jusqu’au bout de ce qu’on peut faire. Mon regard amusé finit toujours par croiser le sien, comme s’il était toujours là. Toujours proche de moi. C’est pour ça que je l’ai invité ce soir. Parce que j’ai l’impression d’avoir en face de moi mon protecteur personnel. Un sourire nait sur mes lèvres à cette idée. Allons, comme si c’était possible. Devant les élèves… Quelle drôle d’idée. On pourrait les choquer. Ou leur donner des idées. Je n’ai pas envie de devoir gérer quinze avortements dans les mois qui vont suivre à l’infirmerie… Il y a des endroits plus… discrets. Ma voix se fait sensuelle alors que je hausse un sourcil pour contempler Evan. Et puis, sa phrase suivante me tire un sourire amusé. J’ai aussi certainement l’air un peu surprise, mais je le vois tenter de se rattraper aux branches et l’amusement l’emporte. Un sourire monte sur mes lèvres et je soupire un coup. Oh tu sais, les carnets avec les dons, c n’est pas vraiment mon truc à la base… Je regarde son air dépité durant quelques secondes. Mon truc à moi, c’est les histoires qui durent, et où il n’y a pas besoin de carnet pour se faire des choses… intéressantes. Ni de bouteilles d’alcool, même si cela peut égayer la soirée. Ou lala … Je joue avec le feu là. J’ai peur de me prendre le rateau du siècle. De me retrouver incapable de parler et incapable de dire quoi que ce soit. Non, vraiment je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Mais, trop tard. J’ai parlé. Dans le silence qui s’éternise, je finis par murmurer : Enfin, si ça ne te plait pas… On peut oublier tout ça…