J'y vais ou j'y vais pas ? Telles étaient les pensées de Benoit ce jour là, alors qu'il avait passé près d'une heure et demi à se préparer pour rejoindre la salle de bal. Pas que l'idée de rejoindre Mina, qui l'avait invité ne le rebute loin de là, mais il n'aimait pas du tout la foule. Et il était déjà angoissé rien qu'à l'idée de devoir rester dans un lieu trop peuplé de monde...

Finalement, après avoir desserré quelque peu sa cravate, histoire d'être plus à l'aise et de ne pas risquer de suffoquer plus qu'il ne suffoquerait déjà dans la salle, il se dirigea donc vers le fameux lieu, près à prendre sa petite amie en otage pour l'emmener loin de la fête, juste pour une soirée en tête à tête.

C'est donc toujours aussi angoissé que le professeur de Magnétisme franchit les portes de la salle de bal, expirant un peu pour calmer sa phobie. Il resta donc en retrait, cherchant Mina du regard. Et lorsqu'il la vit, il ne pût s'empêcher de grimacer. Parce que la jeune fille se trouvait en compagnie de ses amis et il ne pouvait donc pas se permettre d'aller la voir, histoire de ne pas éveiller les soupçons des autres étudiants.

Poussant donc un soupir, il entreprit de se diriger vers le buffet, en évitant de croiser le plus de monde possible.  

Mon regard cherche Benoit dans la salle et je finis par abandonner. Il me l’a pourtant dit qu’il n’aimait pas la foule. Je me mêle à un groupe au bord du buffet, tâchant de ne pas trop manger cependant afin d’éviter de remplir mon estomac. Mon… Petit ami (oh que c’est compliqué de dire ce mot !) m’a après tout dit qu’il m’emmenait dîner. J’essaie donc de me limiter, un sourire vague sur les lèvres, un jus d’orange entre les doigts, et surtout j’évite Lucy qui fabrique cocktail sur cocktail  pour un peu tout le monde. Ha celle là, si jamais sa carrière de Chasseuse ne marche pas, elle pourra facilement se réorienter en barmaid. Je m’éloigne un peu du groupe qui discute pour m’occuper de remplir moi-même mon verre, avant de soupirer en voyant l’air dépité de la Nephilim.

- Je ne te laisserais pas me bourrer la gueule.

Un rire léger répond à ma question, et la demoiselle se penche vers moi pour me glisser quelque chose à l’oreille. Je m’empourpre de la tête aux pieds avant de lui retourner un regard horrifié.

- Je ne vois absolument pas ce que tu veux dire.
- Alors arrête de penser aussi fort. Mon grand-père est l’Aspect de la télépathie, je ne peux pas tout mettre en veilleuse, figure toi ! Surtout quand on pense aussi fort que toi. A côté de l’entrée. Il t’attend. Et par pitié, va faire les yeux doux à Ruby pour qu’elle te donne un de ses bloqueurs de télépathie, sinon je vais devenir folle !

Je rougis encore plus, alors qu’elle répond justement à une question que je me posais. Où est Benoit. Il ne me faut pas longtemps pour lui tirer la langue et je lui fourre le verre entre les mains avant de partir vers l’entrée pour rejoindre Benoit. Tout le monde a l’air occupé. Et puis la salle est sombre. Alors que je traverse la pièce, je laisse mon regard dériver sur les danseurs. Oui, personne ne fait attention à moi, et encore moins à ce que je peux faire ici. Je m’approche donc de Benoit et me décide à prendre un gros risque. Il fait sombre. On distingue mal les visages. Et puis, zut, ça fait deux jours que je ne l’ai pas vu.

Je m’approche donc de lui, un sourire sur le visage et me hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser rapidement. Personne ne nous regarde. Sauf peut-être Lucy à qui j’envoie un doigt d’honneur mental. Finalement je m’éloigne et nous mes mains dans mon dos, un sourire sur les lèvres.

- Elle te plait, ma robe ?

Je tourne sur moi-même pour lui montrer la jolie robe noire que j’ai prise, bien qu’elle soit très courte. Un peu trop courte, peut être ? Je n’en sais rien.

Je n’ai pas mi longtemps à laisser Seban planté là pour aller embrasser ma chère Mélisandre et la contempler. Sa robe rouge est magnifique, tout simplement. Au bout de quelques minutes de discussion, je retourne accorder une danse à l’homme de ma vie avant de finalement revenir jusqu’au bar où je suis très attendue. Au fil des soirées et des fêtes, j’ai appris à faire des cocktails alcoolisés relativement traitres. Mitonne me regarde avec un air tout à fait désapprobateur alors que je lui envoie un sourire enjôleur avant de commencer à mélanger les ingrédients d’un sex on the beach. Mark débarque et fait un cul-sec avec mon cocktail avant de me passer un bras autour du cou.

- Ah, ma Lulu, si tu savais comme tu m’as manqué… Les fêtes de cet été, sans toi, c’était pas pareil.

J’éclate de rire avant de lever les yeux au ciel, un air théatral sur les traits.

- Oh lala. Je vais partir plus souvent si j’ai le droit à ce genre de remarque en revenant.

Des rires retentissent et je passe les minutes suivantes à m’amuser avec mes préparations, fourrant des mélanges alcoolisés dans les mains de tous ceux et celles qui ont à peu près l’air majeur qui passe à proximité de moi. Tous, sauf une. Mina, dont les pensées sont pour le moins équivoque. Alors, quand elle s’approche de moi, je ne peux m’empêcher de lui glisser quelque chose à l’oreille :

-Ton prince charmant est arrivé.

Je me moque d’elle, et lui indique vers où partir, et comment protéger sa relation. J’aurais tout aussi bien pu lui mettre un bouclier autour du crâne, comme je l’ai fait pour Mélisandre, mais … Malheureusement ceci me pompe plus d’énergie que prévu. Je n’ai pas réellement le temps de m’occuper de tout le monde. Et puis, Zut, Mina et moi, on n’est pas proches.

Finalement, je me tourne vers une personne qui s’approche de moi et lui tend un cocktail spécial, particulièrement salé niveau alcool… Tant pis pour lui. Mina m’a distraite. Je me refais un mélange de trois jus de fruits avec du gin et me tourne vers la salle pour observer la fête.

Il est … Magnifique. Vraiment. Tellement classe. Un sourire monte sur mes lèvres et je prends une grande inspiration avant de lui faire la bise. Nous nous dirigeons ensuite vers le bal, et je n’arrête pas de me poser la question. Pourquoi est ce que je l’ai invité ? Je n’en sais rien. Sur le coup, c’est venu comme ça. Pour l’embêter. Le taquiner. Je n’ai aucune idée de ce qu’il peut bien m’avoir passé dans l’esprit. Enfin, temps n’est pas venu de se poser ce genre de questions. Pour l’heure, nous avançons dans la fosse aux lyons. Je repère Lucy qui a déjà commencé à faire ses fameux cocktails, un couple enlacé, les plus jeunes des Mancini qui complotent dans leur coin… Dommage que Julia ait choisi de rester de garde à l’infirmerie ce soir, elle aurait pu tempérer ces deux petits démons.

Avec un sourire radieux je propose à Evan soit de venir au buffet, et de s’amuser à le piller des petits fours, soit de commencer par danser. Bah quoi ? Je l’ai attiré ici, je ne vais pas non plus l’obliger à faire ce qu’il n’a pas envie de faire. D’ailleurs, à voir son expression, je ne suis pas tout à fait sûre qu’il ait envie d’être là… Quoi qu’il en soit, sa réponse finit par arriver. Et, autant dire qu’elle me surprend. Je reste bouche bée quelques secondes avant de lever les yeux au ciel.

- Tu n’es pas très objectif, même si j’apprécie le compliment.

Je ris une seconde et me recule pour l’observer de haut en bas. Un sourire monte sur mes lèvres et durant une seconde j’ai envie de le taquiner. De lui dire qu’il pourrait faire mieux ou ce genre de chose. Je secoue lentement la tête de droite à gauche et décide d’être tout à fait sincère.

- Tu es très élégant, oui. Merci d’avoir fait cet effort pour moi… J’ai bien plus l’habitude de te voir avec des tâches suspectes un peu partout quand tu t’occupes du centre animalier de l’Institut que dans une telle tenue…

Je le laisse me conduire jusqu’à la piste de danse. Étrangement, la musique, jusque-là assez rapide, laisse place à un thème un peu plus lent. Comme par hasard. Mal à l’aise, je lui jette un coup d’œil pour être sûre qu’il veuille réellement danser ça. En toute amitié, bien sûr.

Direction le buffet, donc. Mon regard se pose sur les montagnes de nourriture qui s’étalent devant nous et je laisse échapper un sifflement devant la profusion de nourriture. Mes yeux glissent sur la nourriture, à la recherche de petites pizzas au jambon comme Mitonne sait très bien les faire. Je pourrais m’en exploser le bide de ces trucs-là. Je récupère au passage une assiette vide que je commence à remplir : des petits feuilletés à la saucisse, des petits morceaux de concombre coupés, et une coupelle de tzatziki… Finalement, je rajoute une dizaine de mini pizza par-dessus, et mon regard s’éclaire en voyant des Nems. J’ajoute à mon assiette un peu de sauce, de la salade et de la menthe avant de mettre en équilibre par-dessus trois nems brûlants.

Lucy me fourre un verre dans ma main libre et me tire la langue avant de retourner faire ses mélanges. L’acclamation de Cameron me fait rire et je lève les yeux au ciel avant de la suivre vers une table. Je dépose mon assiette et me laisse tomber sur la chaise en métal avant de croquer dans une de mes pizzas. Un délice.

- Bah, on est à L’institut, tu sais, je grogne, la bouche pleine. Une soirée ne peut pas être réussie sans une catastrophe quelconque.

Fataliste, moi ? Un peu… La rose qui tombe du plafond me tire un sourire et j’observe Cameron lorsqu’elle propose de s’amuser avec nos dons. Je mordille ma lèvre inférieure avant de pousser un profond soupir et de secouer la tête de droite à gauche.

- Je passe mon tour. J’ai juste envie de manger jusqu’à ce que mon estomac explose, puis de danser jusqu’à ce que mes semelles soient totalement usées.

Il faut avouer que, depuis le voyage en écosse, j’ai de plus en plus de mal à utiliser mes pouvoirs. Lorsque le vampire m’a attaquée, un étrange pouvoir, une réaction tout ce qu’il y a de plus bizarre est arrivée. Une onde de choc étrange. Est-ce mon Aerokinésie qui a explosé ? Ou alors... Mes boules d’énergie ? Je n’ai jamais trouvé quiconque pour m’expliquer ce que c’est, et les vieilles légendes sont assez floues là-dessus. Donc, plus de pouvoirs devant moi.

- Par contre, je me demande si nous allons trouver un bel étalon pour toi.

Au final, Benoit était resté près de la porte d'entrée, bien trop paralysé par la foule présente dans l'endroit. Et alors que les couples se formaient tous au fur et à mesure de l'avancée de la soirée, Benoit restait désespérément seul. Peut être que Mina n'était pas venue au final et qu'elle lui avait juste posé un lapin ? Ou alors, peut être simplement qu'il ne voyait pas très bien. Il fallait dire que l'endroit était tout de même assez sombre et son achromatopsie n'arrangeait pas vraiment les choses.

Mais finalement, le professeur ne pût s'empêcher de sourire en voyant une silhouette se diriger vers lui. Mina n'avait donc pas oublié leur rendez-vous. Il resta cependant dans son coin, ne voulant pas trop attiré l'attention des personnes se trouvant non loin.

Même s'il était surpris lorsque Mina l'embrassa. Parce qu'après tout, ils étaient en public, non ? Ils se devaient donc de faire attention à ce que personne ne les voient, sinon ils étaient tous deux fichus... Mais cela faisait aussi longtemps que Benoit et Mina ne s'étaient pas vus alors... Et bien le blond s'autorisa à l'embrasser tendrement, avant de la détailler du regard.

Pour l'occasion, la jeune femme avait choisi une robe sombre qui lui allait à merveille. Et elle se mit donc à tourner sur elle même pour faire admirer sa tenue à Benoit qui ne pût s'empêcher de dire alors :

-Tu es magnifique !

Finalement, après un moment de silence, le professeur de Magnétisme proposa donc :

-Je t'offre un verre ?

J’aime pas la foule, j’aime pas la foule, j’aime pas la foule. C’est bon, ça y est, j’ai fait mon quota pour la soirée ? Je peux m’enfuir maintenant ? Oh, que j’ai envie d’être ailleurs. De partir rejoindre le laboratoire de Tesla pour travailler tout la nuit, quitte à salir cette fichue robe. Un soupir monte à ma poitrine et je secoue lentement la tête de droite à gauche avant de me lever pour m’éloigner. Trop de gens ici. J’aime pas ça.

Machinalement, ma main se porte à mon poignet t je commence à gratter la base de mon pouce. Je fais toujours ça quand il y a du monde. Je n’aime pas la foule. Je n’aime pas les gens. Trop de gens trop de monde… Je vais finir par angoisser. Je fais un bond d’un mètre de haut en sentent à la fois des mains se glisser sur ma taille et des lèvres embrasser ma nuque. J’avance d’un pas, mon cœur battant la chamade. Mes doigts sont devenus de longues griffes, mes yeux ont désormais des pupilles verticales et mes canines ont doublé de volume.

Je suis une lionne, après tout. Ma transformation principale est ce magnifique félin dont je peux prendre la forme sans même y penser. Autant dire qu’avec la surprise, on peut être déjà relativement heureux que je n’ai foutu le feu à rien.

- Thibault ! Ma voix est déformée. Je le sens. Tu m’as fait peur… Je te l’ai dit un million de fois, pas de surprise…

Je dois fermer les yeux et me concentrer pour redevenir totalement humaine. J’ai du mal. Mon cœur continue de battre trop fort. Je mâchouille ma lèvre inférieure, étalant le peu de gloss que j’ai mis sur mon menton, avant de finalement être à nouveau moi. Je ne me contrôle pas tant que ça. Je suis nerveuse. Mon regard se pose sur Thibault, et je lui fais un pâle sourire.

- Emmène moi loin d’ici…

Je vais faire une crise d’angoisse. Trop de monde. Trop de gens. J’en peux plus. Pourquoi Emilia ne peut-elle pas comprendre une bonne fois pour toute que je suis une solitaire ? Que je refuse de rester dans des endroits pleins de gens ? Par pitié… J’ai besoin… J’ai besoin d’être seule. Ou avec lui.

Ce baiser est trop court. Mais, il est aussi et surtout trop long pour notre couverture. Je m’éloigne de lui un sourire sur les lèvres pour lui montrer ma robe. Un sourire éclate sur mes lèvres lorsqu’il me complimente, et je ne dis rien. Parce que j’ai envie de sautiller partout. J’ai des papillons dans le cœur. Dire que je m’étais demandé s’il allait aimer… s’il n’allait pas trouver que je ressemblais à une gamine déguisée en adulte… Je baisse les yeux vers mes ballerines avant de relever la tête pour l’observer, dans le silence. Je suis tout à fait mal à l’aise tout d’un coup.

- Ici ? Et moi qui pensais que tu allais m’attirer en dehors en vitesse pour éviter la foule…

Je me moque de lui et je penche la tête sur le côté avant de lui tirer la langue, et de me tourner vers l’immense buffet. Il faut avouer que toucher un petit truc ou deux… J’ai vu des nems. J’adore manger chinois. Le canard laqué est mon pêché mignon. Alors, pourquoi pas. Je me demande juste s’il tient toujours à m’emmener dîner ensuite. Parce que si c’est le cas, je dois éviter de me goinfrer.

- Un conseil… Ne laisse pas Lucy te servir quoi que ce soit. Ses cocktails sont traitres.

Benoit n'avait maintenant d'yeux que pour Mina. Et même s'il aurait voulu déguerpir de la foule en vitesse, il voulait faire plaisir à cette dernière. Et c'est donc ainsi qu'il entraina sa petite amie vers le buffet, alors que cette dernière se moquait de lui, gentiment. Il ne pût donc s'empêcher de sourire, amusé par son attitude, tout en lui répondant :

-Ma proposition d'aller dîner en tête à tête à l'extérieur tiens toujours. Mais rien ne nous empêche de prendre un apéritif léger ici avant de nous éclipser en catimini.

Du moins, pas si en catimini que cela au vue du regard de Lucy sur eux deux. Le professeur fit cependant comme si de rien n'était, alors que Mina lui conseillait justement de ne pas aller se faire servir par Lucy, qui était d'ailleurs déjà en train de servir quelqu'un d'autre.

Le blond passa donc devant les deux personnes, l'air de rien, tout en questionnant la jeune fille sur ses envies pour la suite :

-Quel endroit te branche le plus pour aller manger ensuite ?

- J’sais pas.

J’observe Alyona et hausse les épaules. Je n’ai absolument aucune idée de ce que j’ai mis dans son verre. Je me penche en avant et fais une grimace. Je crains d’avoir remplacé le coca par du whisky, vu l’odeur. C’était censé être un Dirty Black Russian, à base de vodka, liqueur de café et coca… Bah, tant pis.

- Mais non. Triple dose seulement. Et, la plupart sont immunisés face à mes bêtises depuis le temps… non ?

Voir Alyona regarder sa sœur me fait sourire et je hausse les épaules.

- C’est impossible d’être tranquille avec elle dans les parages. Tu sais poser des boucliers sur l’esprit des gens ? Parce que… Tu devrais apprendre. Si jamais ça revient aux oreilles du père Durant… Tu sais comment il est ! Il va les renvoyer tous les deux et les trainer dans la boue…

Quant à moi, je remonte machinalement mes barrières mentales personnelles. Je n’aime pas qu’on entre dans mon esprit. Alors, la première chose que j’ai apprise à faire, c’est de me protéger contre l’intrusion. Mes barrières sont puissantes et infranchissables. Même le démon qui a faillit me tuer, ce fameux jour de décembre 2012, n’a pas pu entrer.

Je me retourne en voyant Mina s’esquiver pour lui préparer un Blue Lagoon, et je la suis vers le buffet de nourriture pour le lui donner, mon Cosmo à la main.

- Y’a des saucisses ? J’adore les saucisses avec de la pâte feuilletée.

Un rire monte à ma poitrine lorsqu’il réalise où je veux en venir. Bien, si on a le droit à l’apéritif… Je me tourne, après avoir prévenu Benoit de ne pas boire ce que Lucy prépare. D’ailleurs, je réalise une chose. Lucy sait tout. Il faudra que je trouve le moyen de prévenir Benoit, d’ailleurs. Un sourire monte sur mes lèvres, triste. Lucy a son propre lot de soucis, et je suis presque sûre qu’elle ne dira rien. Si elle avait voulu le dire à haute voix, elle aurait pu. Là, elle s’est contenté de me dire de penser moins fort. Et de me donner une astuce pour bloquer mes pensées à tout le monde.

Aller embêter le dragon qui dors. Rien que ça. Enfin, le pendentif qu’elle m’a montré est intéressant. Pour le coup, je suis assez étonnée de voir ce que genre de chose existe. Ce doit être rare, sans quoi les gens se jetteraient dessus. Dans tous les cas, je vais devoir m’en procurer une. Et vite. Avant que tous les télépathes de l’école ne sachent mon secret.

- Dans ce cas, j’ai vu du fish and chips quelque part, et je n’en ai pas mangé depuis un an au moins…

Je sautille jusqu’au buffet et attrape un bâtonnet de poisson que je trempe dans du ketchup avant de croquer dedans. Je tourne ensuite la tête vers Benoit qui me demande ce que j’ai envie de manger. Mmmh … Voyons voir ?

- Je sais pas trop. Est-ce qu’il y a des choses que tu n’aime pas ?

Des Fish and chips. Cela faisait aussi longtemps que Benoit n'en avait pas mangé pour tout vous dire. Mais à vrai dire, il n'était pas vraiment friand de ce genre de chose. Il laissa donc simplement Mina se servir alors que lui même optait pour un verre de punch, tout en surveillant du coin de l'oeil Lucy et ses mélanges. Mais il fut bien vite coupé dans ses réflexions par Mina qui lui demandait s'il y avait quelque chose qu'il n'aimait pas, en termes de nourriture. Le professeur réfléchit donc un instant, avant de finalement répondre :

-Je ne suis pas tellement fan des sushis.

Mais c'était bien le seul aliment qu'il ne tolérait pas. Parce qu'à vrai dire, il n'était pas vraiment très difficile en nourriture et du moment que cela se mangeait... Mais pour cette soirée romantique il avait tout de même quelques idées de restaurant, et c'est ainsi qu'il proposa alors :

-Je connais un restaurant italien pas très loin. Il y a peu de monde qui s'y rend et on sera tranquille. Qu'en penses tu ?

Une voix dans mon dos. Je sursaute. J’étais tellement en train de bloquer ma télépathie pour ne plus entendre ce brouhaha qui m’entoure que je n’ai même pas réalisé que je bloquais aussi mes autres sens. Ah, elle est belle, la future Chasseuse. Mon regard se pose sur Alyx et je lui souris avant de réaliser qu’elle ne peut pas me voir. Décidément, je ne m’y ferais jamais à ce handicap. C’est tellement facile pour moi d’utiliser mes yeux que je ne peux même pas imaginer ce que ce serait si je devais les perdre. À part quand je suis en train de m’entrainer avec Seban et qu’il me bande les yeux pour travailler mes réflexes en me balançant des lames dessus. Autant dire que je ressors souvent avec quelques marques sanglantes de ces entrainements-là.

- Ce que je vais manger ?

Je mordille ma lèvre inférieure et laisse mon regard dériver sur le buffet.

- Il y a des toasts au saumon. Des muffins anglais avec… On dirait des œufs et du bacon, comme ce qu’on a le dimanche pour le petit déjeuner. Des crackers divers… Des légumes avec diverses sauces. Des mini pizzas. Plein de trucs. Tu veux que je te fasse une assiette ?

Je commence donc à faire une assiette avec un peu de tout à Alyx, espérant simplement qu’il ne va pas y avoir un truc auquel elle est allergique. Ce serait totalement stupide. Maladroit. Enfin, elle m’aurait dit qu’il y avait des trucs à ne pas mettre dans son assiette, hein.

- Je te fais ça.

Je lui mets l’assiette bien pleine entre les mains et je m’éloigne pour lui faire un mélange sans alcool. Je ne sais pas si elle en boit, et puis de toute façon je n’ai pas l’intention de souler les gens par derrière. C’est fini tout ça je suis trop vieille maintenant pour faire ce genre d’idioties.

Je reviens avec le verre au bout de quelques secondes, et j’attrape ma propre assiette avant de me tourner vers la salle qui est bien pleine maintenant. Une table une table…

- Il en reste quelques-unes, oui. Heu… Attends.Je reprends l’assiette de ses mains et la met en équilibre sur la mienne avant de rajouter mon verre par-dessus. Y’a peu de chance que ça tienne longtemps mais bon.Prends mon bras. Et on y va.

Je la guide tout en faisant des mouvements relativement lents pour que l’équilibre tienne.

Cameron nous entraîne toutes les trois jusqu'au buffet où nous nous faisons des assiettes tellement garnies qu'il est impossible de se souvenir de ce à quoi ressemblait le récipient dessous. Pendant que je me sers en petits moelleux au parmesan, je regarde Cameron et Shae s'éloigner jusqu'à une table. Avec un petit sourire, je décide de rester en arrière. Visiblement mon fiancé n'a effectivement pas vue l'invitation sous son oreiller et je n'ai pas bien envie de faire la fête trop longtemps. De plus, ces deux chipies ont l'air d'être parties pour faire des bêtises auxquelles je n'ai pas du tout envie de participer. Faut dire que maintenant que je suis casée, j'ai du mal à supporter leurs discussions sur les hommes et leurs nuits torrides. Mal à l'aise sur ces foutues chaussures, je décide de les retirer pour les tenir à la main. Sérieux, j'en ai rien à foutre que ça fasse moche, j'adore trop marcher pieds nus. À l'écart de la foule, je m'amuse à regarder les autres danser comme des patates et se nourrir comme des lions affamés. De mon côté, je pignoche les miettes de mon repas tout en sirotant ma seule vodka de la soirée. C'était déjà une mauvaise idée de venir à la base, surtout dans ce costume où je me sens ridicule. Note personnelle : la prochaine fois que Shae te propose d'aller au bal entre copines, dis non ! N-O-N ! C'est quand même pas bien compliqué. Un garçon maladroit et visiblement bourré me demande de danser avec lui en posant sa main sur ma poitrine, ce qui me permet de vérifier mes capacités au combat même en robe. Celui-là, il va mettre du temps à faire redescendre son engin de l'intérieur de sa gorge. Enfin... Au moins j'ai la paix pour un instant. Je me demande si quelqu'un va effectivement venir troubler ma solitude à un moment. Cela dit, je ne crois pas que ça suffirait à me donner envie de m'éterniser.